Le déficit de la Sécurité sociale, un mensonge d'Etat par Henry Sterdyniak
Selon le Projet de Loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), les comptes de la Sécurité sociale présenteraient un déficit de 5,3 milliards d’euros en 2019, ce qui a permis à la grande presse de titrer : « Le trou de la Sécurité sociale se creuse » ou « La Sécu en rouge après les gilets jaunes ». La Cour des comptes écrit de même : « En 2019, le déficit va fortement s’aggraver ». Ce déficit proviendrait des mesures « gilets jaunes » et de l’explosion des dépenses de maladie et de retraite, qu’il conviendrait donc de réduire au plus vite. Il s’agit d’un mensonge d’Etat. La Sécurité sociale est en réalité en excédent de 11,7 milliards d’euros ; elle ne souffre pas d’une hausse de dépenses, mais d’une baisse de recettes. Dans les comptes des finances publiques publiés dans le Projet de Loi de finances(PLF) 2020, les administrations de Sécurité sociale (ASSO) présentent, en 2019, un excédent de 11,7 milliards. Pourquoi cette différence? C’est que les gouvernements imposent à la Sécurité sociale de rembourser à marche forcée la dette accumulée pendant la crise financière. Donc, en 2019, la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) a remboursé 15,7 milliards, grâce à un versement de 2,1 milliards du Fonds de réserve pour les retraites (FRR); mais surtout grâce aux recettes de la CRDS et de la CSG. Au final, le déficit affiché, loin d’augmenter la dette, s’explique par la réduction rapide de cette dernière. Globalement, la Sécurité sociale (au sens large, y compris la CADES) s’est désendettée de 11,7 milliards en 2019 La Sécurité sociale (au sens large) est d’ailleurs excédentaire depuis 2014. C’est une bonne nouvelle, car, en 2025, quand toute la dette sociale aura été remboursée1, ces 15,7 milliards seront disponibles, pour financer les retraites ou pour améliorer les conditions de vie et de travail dans les EHPAD (ce que l’on pourrait faire plus vite d’ailleurs en ralentissant le rythme de remboursement). De 2012 à 2020, la dette de la Sécurité sociale va ainsi baisser de 10% du PIB à 7,6%; dans le même temps, celle de l’État va augmenter de 72 % à 83%. L’État fait peser l’effort de désendettement sur la Sécurité sociale et il omet de le compter quand il évalue le solde de la Sécurité sociale. On ne peut que s’étonner que les soi-disant magistrats de la Cour des comptes ne dénoncent pas ce tour de passe-passe. Au contraire, ceux-ci écrivent: «Un ralentissement des dépenses apparaît ainsi nécessaire afin d’assurer un retour pérenne de la Sécurité sociale à l’équilibre financier, par-delà les effets du cycle économique sur les recettes». En fait, la Sécurité sociale enregistre déjà 11,7 milliards d’excédent, alors même qu’il manque environ 2,4 % d’emplois pour retrouver le taux de chômage d’avant la crise, soit une perte de 9 milliards de cotisations et un coût de 7 milliards de cotisations chômage.
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