Laïcité. Jean-Louis Bianco : L’islam politique est dangereux ....

Publié le par Sam Menerve

 

Recueilli par François VERCELLETTO / Ouest-France

Le président de l’Observatoire de la laïcité et son équipe ont été reconduits pour un nouveau mandat de cinq ans. Jean-Louis Bianco se défend de toute complaisance supposée envers l’islam politique. Il entend poursuivre la promotion de la laïcité par la formation et les rencontres sur le terrain.

Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité a été renouvelé à son poste pour cinq ans par Emmanuel Macron. Il revient sur les enjeux de son nouveau mandat dans un entretien à Ouest France.

Vous et votre équipe venez d’être reconduits pour un nouveau mandat de cinq ans. Ce n’était pas écrit d’avance…

Notre mandat expirait en avril 2018. Le président de la République et le Premier ministre ont décidé, pour dégager l’horizon, de le renouveler dès maintenant. C’est une marque de confiance qui nous réjouit.

Avez-vous, plus que jamais, du pain sur la planche ?

Oui, mais avec des éléments encourageants, comme l’appétit pour les débats et le besoin de formation, que je constate sur le terrain. Je réponds, plusieurs fois par semaine, à des invitations d’associations, de collectivités locales, de l’Éducation nationale…, en France et à l’étranger.

En trois ans, près de 220 000 personnes ont été formées. Les citoyens sont de plus en plus nombreux à s’approprier la laïcité. C’est pourquoi nous mettons un maximum de ressources en ligne sur notre site Internet, afin que chacun puisse se forger une opinion. Pour nous, le meilleur rempart contre les dérives et les pressions, c’est que chaque citoyen sache ce qu’est la laïcité et en soit le promoteur.

Vos relations avec Manuel Valls, qui vous accuse de manquer de fermeté face au communautarisme musulman, ont été tendues. Sont-elles plus simples avec le nouveau pouvoir ?

Quelle que soit la polémique que Manuel Valls a lancée contre l’Observatoire de la laïcité et contre moi, cela n’a pas empêché les ministres et l’administration de travailler parfaitement avec l’Observatoire. Nos relations continuent d’être très bonnes. On a noué des contacts chaleureux avec le nouveau président de la République et son équipe.

Au-delà de la polémique, certains vous reprochent une trop grande complaisance envers l’islam politique…

C’est ridicule et particulièrement infondé. Ces reproches émanent d’un petit réseau très parisien. Sur le terrain, on ne m’en parle pratiquement jamais. Je mets au défi qui que ce soit de produire un seul texte ou une seule déclaration de ma part en ce sens.

Je passe mon temps à dire que l’islam politique est dangereux et qu’il faut ne laisser aucun espace à toute parole ou tout acte contraire aux lois de la République ou qui voudrait instituer une loi divine qui ne serait pas la loi de la République.

Que répondez-vous au président de la Licra, Alain Jakubowicz, qui dénonce, dans La Croix, « une véritable offensive des religions » ?

Il existe une préoccupation, beaucoup plus grande qu’il y a cinq ou dix ans, sur la gestion du fait religieux et les questions de laïcité. Les tensions sont nettement plus fortes. Elles sont, pour une part, le reflet des tensions, qui traversent la société, liées, notamment au chômage et aux difficultés économiques. Pour autant, la laïcité n’est pas une citadelle assiégée. Nous le constatons à travers nos travaux.

En revanche, c’est vrai qu’il y a des pressions communautaristes plus fortes. C’est pour ça qu’il faut être extrêmement ferme, non pas par rapport à une menace globale et rampante qui n’existe pas, mais par rapport à des comportements et à des faits. Des actes ou des paroles contraires à l’égalité entre les femmes et les hommes, par exemple, doivent être sanctionnés.

Face aux tentatives d’un certain islam politique de prendre le contrôle dans certains quartiers, il faut fournir des éléments de résistance, à l’école, dans les services publics, les associations de quartiers…

Il y a plusieurs formes d’islam en France, avec des pratiques très différentes. L’immense majorité de nos concitoyens de culture ou de religion musulmane, se comporte normalement et vit sa foi tranquillement.

La question de la place de l’islam en France n’est-elle pas trop passionnelle au point de nuire à la réflexion ?

Vous avez raison. C’est pourquoi tout notre travail consiste à donner des éléments appuyés sur la recherche, notre connaissance du terrain et sur le droit. Que disent le droit et la jurisprudence, que faire en cas de conflit ? Nous avons publié des guides qui fournissent des éléments de réflexion objectifs au débat.

Quelles seront vos prochaines actions ?

Le 9 décembre, nous remettrons le prix de la laïcité de la République française. Nous travaillons également sur le thème « média et laïcité », qui se traduira par un colloque avec Sciences Po, l’école de journalisme de Sciences Po et le Cevipof, au mois de janvier. Enfin, nous comptons mettre en ligne, au premier trimestre 2018, un Mooc, c’est-à-dire un programme Internet de formation, sur la laïcité.

https://www.ouest-france.fr/politique/laicite-jean-louis-bianco-l-islam-politique-est-dangereux-5318899

 

 

Publié dans Actualités, Monde, Islam

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