Les chiffres ahurissants du "shadow banking" dans le monde....
+ VIDEO. La « finance de l’ombre » pesait 92.000 milliards de dollars à fin 2015, bien plus qu’avant la crise, selon le dernier rapport de Conseil de stabilité financière. Ses champions sont européens.
Près de dix ans après la crise, la finance de l'ombre (« shadow banking ») continue d'étendre son emprise. Le Conseil de stabilité financière (FSB) a publié ce mercredi son sixième rapport annuel portant sur 80 % du PIB mondial. Il dresse un tableau à fin 2015 pour le moins étonnant de ces activités financières qui ne sont pas menées par des banques, mais par d'autres institutions (fonds d'investissement, hedge funds, private equity etc.) peu ou pas régulées. Voici les principaux enseignements du rapport .
Selon la définition large du FSB, la « finance parallèle » pèse 92.000 milliards de dollars dans le monde à fin 2015. «Elle continue sa tendance à la hausse pour la septième année consécutive avec 3.800 milliards supplémentaires», explique le rapport, avant de souligner que la croissance de 4,3% entre 2014 et 2015 est moins soutenue que les 10% annuels observés par le passé.
Il n'en reste pas moins que le « shadow Banking » représente 150% du PIB mondial, dépassant ainsi le niveau atteint avant la crise (140 %). L'effondrement de l'économie en 2007-2008 a eu pour effet de dégonfler un peu le « shadow banking », tombé à un peu plus de 120% du PIB, avant de se redresser.
Les champions de la finance parallèle sont les Européens où le «shadow banking» est estimé à 30.000 milliards de dollars. Les Etats-Unis (26.000 milliards de dollars) leur emboîtent le pas, suivis du Royaume-Uni et de la Chine à égalité à 8.000 milliards de dollars.
Petite précision de taille, la juridiction des Îles Caïmans a pour la première fois révélé ses chiffres. Le « shadow banking » (6.000 milliards de dollars) s'y révèle plus important qu'au Canada et au Japon (4.000 milliards). Ces actifs représentent 170.000 % du PIB des îles ! Le FSB rappelle que les Îles Caïmans continuent d'être le lieu privilégié de domiciliation de fonds d'investissement, dont la plupart sont gérés depuis l'étranger et investissent en dehors de l'archipel.
Le Luxembourg, patrie du président de la commission européenne Jean-Claude Juncker et l'un des plus importants centres financiers dans le monde, n'a en revanche pas participé à l'étude du FSB.
Les fonds sont les principaux promoteurs du « shadow banking » et pesaient 40 % de la finance de l'ombre en 2015 (30.000 milliards de dollars d'actifs). Ils montrent cependant de sérieux signes de ralentissement. En effet, leurs actifs n'ont progressé que de 3,2 % en 2015, contre 15 % par an en moyenne entre 2011 et 2014. La moitié de leurs actifs sont concentrés aux Etats-Unis.
Deuxième plus gros acteurs, les courtiers (« broker-dealer »), qui concentrent 9.500 milliards de dollars d'actifs, sont en perte de vitesse (-5% de total d'actifs). Ce déclin est particulièrement marqué au Royaume-Uni (-17 %).
Les Hedge Funds comptent, eux, pour 3.200 milliards de dollars. Dans les précédents rapports, le poids des fonds alternatifs était sous-estimé car les centres financiers où ils sont concentrés ne figuraient pas dans l'étude. C'est en partie chose faite avec l'ajout des Îles Caïmans qui ont apporté 2.900 milliards d'actifs de hedge funds dans le décompte.
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